Le musée des Beaux-Arts d’Orléans : des collections qui valent le détour
Loin d’être anecdotique, le Musée des Beaux-Arts d’Orléans mérite un détour attentif. En effet, il regorge de chefs d’oeuvres des plus grands mâitres de la peinture : Delacroix, Gauguin, Courbet etc. C’est incontestablement un lieu à voir à Orléans.
Un musée né de la Révolution française
Le musée des Beaux-Arts de la ville d’Orléans tire ses origines de la Révolution française. Cette période de l’Histoire de France est en effet synonyme de saisies d’œuvres et d’objets d’art, notamment dans les établissements religieux.
A Orléans, les pièces confisquées sont regroupées par Aignan-Thomas Desfriches, mécène, collectionneur et dessinateur, ainsi que par le peintre Jean Bardin, directeur de la jeune Ecole de dessin d’Orléans, fondée en 1786.
En 1797, les deux hommes installent les œuvres dans l’ancien palais épiscopal, lui aussi saisi à la Révolution, et crée ainsi l’un des plus anciens musées provinciaux. Celui-ci est déménagé en 1799 dans la chapelle de l’ancien collège de l’évêché, puis fermé en 1804. La collection est alors reléguée au jardin des plantes.
La genèse de l’actuel Musée
Il faudra attendre 1823 pour voir les œuvres rejoindre l’Hôtel des Créneaux, sous l’impulsion du maire de la ville, le comte de Rocheplatte, et de l’un des ses élus, le comte de Bizemont. La collection s’enrichit très vite de nombreux dons des Orléanais, puis d’achats et de dépôts de l’État.
En 1855, le fonds du musée a pris une telle envergure qu’il devient nécessaire de séparer les collections historique des collections beaux-arts. Les pièces du fonds historique sont rassemblées pour fonder le musée historique et archéologique de l’Orléanais, installé dans l’hôtel Cabu. La place laissée vacante par le départ de ces collections est progressivement remplie au cours du XIX ème siècle par des dons et des legs. Parmi les donateurs citons notamment Madame de Limay, la propre fille de Desfriches, fondateur du musée, mais aussi Eudoxe Marcelle, conservateur du musée de 1870 à 1890, ainsi que les artistes Henry de Trinqueti et Léon Cogniet.
En 1922, suite à la donation puis au legs de Paul Fourché, les locaux de l’Hôtel des Créneaux deviennent trop exigus. Un nouveau musée est construit, portant le nom de ce dernier contributeur. Malheureusement, le Seconde Guerre Mondiale fait subir des dommages très lourds au musée Paul Fourché, et le fonds issu de son legs sera même presque entièrement pillé en juin 1940.
C’est seulement en 1984, sous le mandat de Jacques Douffiagues (à qui l’on doit aussi l’aménagement de l’île Charlemagne et de la place d’Arc) que le musée des Beaux-Arts trouve enfin sa place définitive. Un nouveau bâtiment lui est entièrement dédié, sous la houlette de l’architecte Christian Langlois. Ce projet s’inscrit dans le réaménagement complet de la place de la cathédrale et des ses abords tels que nous les connaissons aujourd’hui (Conseil régional, Hôtel de ville, parvis de la cathédrale et bibliothèque).
L’agrandissement des collections, entre générosité et acquisitions
A ses débuts, le musée comptait vraisemblablement une majorité d’œuvres d’inspiration religieuse, puisqu’il fût créé pour accueillir des pièces confisquées entre autres à l’Eglise. Par la suite, de nombreux et parfois très généreux dons, réalisés par de grandes familles orléanaises, des collectionneurs ou de riches négociants, ont apporté un fonds issu des écoles nordiques, en particulier les peintures flamandes et hollandaises.
Au XIX ème siècle, les conservateurs successifs du musée impulsent un enrichissement très riche : dons et legs d’ateliers d’artistes (Trinqueti, Cogniet), achats (Velazquez) ou dépôts de l’Etat (Corrège, Carrache). L’école italienne figure désormais en bonne place au musée.
Une partie de ces collections sera hélas perdue pendant la Seconde guerre mondiale, malgré la mise à l’abri de très nombreuses œuvres du musée. En revanche, les dommages de guerre subis en d’autres lieux permettent au musée d’Orléans d’accueillir des œuvres de style art moderne (Gauguin, Rodin), ainsi que des collections françaises et étrangères des XVII ème et XVII ème siècles.
Depuis son installation définitive à côté de l’Hôtel de Ville, le musée a essentiellement développé ses collections grâce aux aides financières des collectivités territoriales et de l’État. Il a ainsi acquis des chefs d’œuvres pour son « cabinet des pastels », le plus remarquable de France après celui du Louvre.
Une couverture artistique très vaste
Aujourd’hui, le Musée des Beaux-Arts d’Orléans doit sa renommée à trois principaux axes : ses collections françaises des XVII ème et XVII ème siècles, son « cabinet des pastels » et son fonds de peintures d’écoles étrangères.
Des collections françaises représentatives de tous les courants
Les salles du musée dédiées aux collections françaises exposent notamment une partie des décors peints du château de Richelieu. Il s’agit de scènes antiques, mythologiques ou religieuses, exécutées entre autres par Claude Deruet, Nicolas Prévost et Martin Fréminet. On trouve également dans cette section du musée des œuvres de grands artistes tels que les frères Le Nain, Georges de la Tour, Houdon, Hubert Robert, Greuze, Nattier, Boucher…
Les différents courants artistiques du 18ème en France sont représentés : romantisme, réalisme, peintures de paysages et d’histoire, peinture académique… On y trouve donc des tableaux de Delacroix, Eugène Boudin, Corot, Courbet, Gauguin….mais aussi des sculptures de Triqueti, Pradier, David, Préault…Les peintres orléanais, Antigna et Léon Cogniet, ont naturellement trouvé place parmi les toiles du musée.
Au cœur de ces collections françaises, se situe le cabinet de pastels, regroupant des œuvres de trois grands pastellistes du XVIII ème : Jean-Baptiste Chardin, Maurice Quentin de la Tour, Jean-Baptiste Perronneau.
Arrivés dans la section art moderne et contemporain, un foisonnement d’œuvres assez éclectiques illustre bien l’opulente créativité du XX ème siècle et le large champ des courants de cette époque. Se côtoient ainsi des toiles de Picasso, Roger Toulouse, Marie Laurencin, Soutine, Vlaminck, Gérard Fromanger, Max Jacob…mais aussi bon nombre de sculptures.
La peinture étrangère, une dominante mythologique et religieuse
Issues des dons et legs évoqués plus en avant, les toiles étrangère exposées au musée sont principalement italiennes, flamandes et hollandaises. Elles illustrent les écoles majeures de peinture occidentale, allant du XVème au XVIIIème siècle.
Les écoles du Nord (Flandres, Pays-Bas, Allemagne) comptent les plus anciennes œuvres du musée. En particulier un tableau de Marinus Van Reymerswaele (1490-1546) et des toiles anonymes montrant des scènes de vie dans les Flandres à l’époque Renaissance. La période du XVIII ème est beaucoup plus fournie, et l’on peut admirer de nombreuses toiles qui décoraient donc l’intérieur de grandes familles orléanaises. Des toiles de Van Dyck, Bruegel L’Ancien et Bruegel Le Jeune, Ferdinand Bol, Joos de Momper, pour les plus connus.
L’école italienne se distingue par son inspiration biblique, msythologique ou symbolique. Pour la période Renaissance, le musée expose par exemple la « Vierge à l’enfant, Saint Joseph et Saint Jean-Baptiste enfant » exécutée vers 1520 et signée Le Corrège, ou encore « La vierge à l’enfant et deux anges », vers 1485-1890, par Matteo di Giovanni. Des XVII ème et XVIII ème siècles, ce sont entre autres « L’Adoration des Bergers », d’Annibale Carracci, « La Foi chassant l’Hérésie » de Luca Gordiano, « Vénus et Adonis », de Sebastiano Ricci.
L’école espagnole quant à elle, ne comporte qu’un seul chef d’oeuvre : le Saint Thomas, de Velazquez, datant de 1619-1620.
Un musée animé et proche du public
Une accessibilité exemplaire
Réparti sur 5 niveaux, dont 3 ouverts au public, le musée est entièrement accessible aux personnes à mobilité réduite et aux poussettes. Fauteils roulants, poussettes ou porte-bébés sont à disposition en cas de besoin, et des sièges sont disposés tout au long du parcours de visite. Par ailleurs, le hall d’accueil et l’auditorium sont équipés pour les personnes malentendantes ou sourdes d’une boucle magnétique. Les chiens-guides d’aveugle sont autorisés à l’intérieur du musée, et les livrets d’exposition sont consultables en grands caractères.
Pour plus de confort, le vestiaire et la consigne (sacs encombrants, valises ou parapluies) sont gratuits, ainsi que le prêt de tablettes numériques, avec visite intéractive.
Un élément remarquable que l’on peut aussi mettre au rang de l’accessibilité, c’est la possibilité de consulter en ligne les collections du musée. Progressivement, la mise en ligne des tableaux, sculptures, dessins… permettra au public d’avoir accès à des expositions virtuelles mais aussi à des oeuvres qui ne sont pas exposables, pour des raisons de conservation. Les illustrations actuellement visionnables seront peu à peu remplacées par des clichés professionnels.
Des animations pour tous les publics
Amateurs d’art, collectionneurs, grand public, scolaires, familles, touristes étrangers…le musée des Beaux-Arts a à cœur de proposer des animations pour un large éventail de publics.
Pour les adultes, ce sont des ateliers d’arts plastiques, de découverte et de dessin autour d’une œuvre ou d’un artiste, des stages de sculpture ou de modelage, des visites guidées avec un axe thématique, et par exemple les « midi au musée », des concerts, des conférences…
Pour les enfants, l’initiation à l’art peut commencer dès 4 ans avec des minis ateliers plastiques (sur réservation) ou une animation autour de la lecture, en lien avec des œuvres du musée. Des animations plus ludiques, comme la tradionnelle chasse aux œufs de Pâques ou des balades contées permettent au jeune public de sa familiariser avec le musée. Pour les plus grands, à partir de 8 ans, ce sont les rendez-vous « Dessiner au musée », de mars à juin, ou bien encore les « anniversaires au musée », sur réservation, à partir de 6 ans.
De septembre à juin, le musée voit aussi défiler les scolaires, en proposant aux écoles de la métropole des ateliers ludo-pédagogiques, très plebiscités par les enseignants et les élèves.
Des expositions pour révéler les réserves du musée
Si l’exposition permanente affiche près de 700 œuvres, les réserves du musée sont en fait bien plus abondantes : 1200 peintures, 500 sculptures, 1200 objets d’art, un cabinet graphique de 60 000 dessins et estampes. Pour permettre à ces œuvres d’être admirées, des expositions temporaires thématiques sont donc organisées de façon régulière, ainsi que des présentations des gravures et dessins. Elles ont lieu soit au musée même, soit avec d’autres musées.
Informations pratiques
Tarif d’entrée : plein tarif 6 euros, tarif réduit 3 euros (voir conditions).
Billet groupé valable à la journée, qui donne aussi accès à l’Hôtel Cabu (musée d’Histoire et d’Archéologie de l’Orléanais), à la Maison de Jeanne d’Arc et au Centre Charles Péguy.
Entrée enfant gratuite jusqu’à 18 ans. Entrée gratuite aussi pour certaines catégories de visiteurs.
A noter que chaque premier dimanche du mois, le musée est gratuit pour tous.
Pass annuel :15 euros pour une personne, 25 euros en duo, donnant accès aux collections permanentes, aux expositions temporaires et manifestations organisées par le musée (hors stages, ateliers et animations organisées par des tiers).
Horaires :
Mardi au samedi : 10h -18h (accueil des scolaires dès 9h30)
Vendredi jusqu’à 20h
Dimanche : 13h à 18h
Fermé les 1er et 11 novembre, 25 décembre, 1er janvier,
1er et 8 mai et 14 juillet
Accès :
L’accès au Musée est facile puisqu’il est situé en plein centre ville à proximité immédiate de la Cathédrale et de l’Office du Tourisme d’Orléans.
L’hôtel Marjane se trouve à environ 4 Km du Musée. En savoir plus sur les hôtels et soltions d’hébergement à Orléans.
Crédit photo Wikipedia : musée des beaux arts d’Orléans.